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Alors que, parmi les « journaux personnels en ligne » que j’aime à suivre, un nombre croissant tend à espacer de plus en plus leurs publications (voire sombre dans un sommeil relativement proche de l’hibernation), tenter de se lancer dans un projet du même genre peut apparaître comme relevant du paradoxe. D’un autre côté, certains supports, notamment dans le « petit monde » de l’informatique, vantent encore et toujours les mérites de disposer de son propre espace d’expression afin, par exemple, d’y faire part de ses expériences, de donner son avis sur tel ou tel produit ou service et, bien entendu (on s’en serait douté) d’augmenter potentiellement sa visibilité ou son trafic de visiteurs…

Vouloir ajouter une voix supplémentaire au grand concert tumultueux où babillent des trolls1 de tout poil et où pontifient quelques messieurs je-sais-tout m’a longtemps semblé d’une présomption assez déraisonnable. Quant à l’idée de rendre public un journal intime à travers le monde entier grâce à quelques touches de clavier, elle me paraît toujours aussi profondément antinomique.

Bien entendu, comme tout individu aimant à supposer se trouver pourvu d’un minimum de capacité de raisonnement (l’un des traits propres à l’être humain, à ce qui se dit), il m’arrive d’avoir un avis ou une opinion sur un sujet ou un autre. Une certaine réserve (qu’on renoncera obligeamment à analyser plus avant) m’a jusque-là régulièrement retenu d’en faire part (autrement qu’à titre privé, s’entend). Cette attitude d’observateur silencieux présente toutefois une certaine ambiguïté, celle d’apparaître comme une banale plante verte restant bien gentiment là où on la pose ou, au contraire, comme un genre de bonze bouffi de certitudes, évaluant ses contemporains du haut de sa tour d’ivoire. Bref, une position peu satisfaisante…

L’idée de devenir un peu plus qu’un simple spectateur a donc lentement et insidieusement fait son nid dans un sombre recoin de ma caboche et, avec le temps, quelques principes ont graduellement pris forme. Une unité de fond, tout d’abord : un domaine à propos duquel j’aurais « quelque chose » à dire, qui puisse être, un tant soit peu, justifié par un minimum d’expérience. Une homogénéité sur la forme, ensuite : des genres de billets d’humeurs avec, si possible, un soupçon de détachement et, incidemment, une pincée de dérision (voire, éventuellement, d’autodérision).

La matière allait presque de soi, en raison de mon activité, bien entendu, mais aussi parce qu’elle s’avère désormais de plus en plus centrale à notre époque (à tout le moins, dans cette « bonne vieille » civilisation occidentale, mais pas seulement) : l’informatique, au sens le plus large et, notamment, les problématiques étendues à l’usage de ces fameuses « nouvelles technologies » de l’information et de la communication. Sans vouloir jouer aux « anciens combattants » (l’emploi de cette expression annonçant de facto qu’on s’apprête justement à faire part de sa vénérable expérience), après maintenant plus de trente ans d’utilisation d’un ordinateur et presque une vingtaine d’années de pratique du réseau mondial, à défaut d’expertise dûment certifiée, l’acquisition de certaines connaissances de la « chose informatique » semble assez peu contestable. Bien entendu, les machines de mon adolescence ne possédaient guère de points communs avec les appareils actuels, et contrairement aux jeunes gens de ce premier quart de siècle, on ne peut pas dire que la génération à laquelle j’appartiens ait été élevée avec un clavier ou une tablette dans les mains en guise de hochet. J’ai pu vivre de nombreuses et spectaculaires évolutions, depuis ma toute première rustique machine à cassette jusqu’à mon dernier téléphone à écran tactile, et le devenir de l’ensemble de ces nouveautés technologiques, notamment dans le cadre de notre vie quotidienne, taquine mon intérêt. Entre les articles techniques spécialisés et les questions, parfois naïves, des utilisateurs lambda, il y a peut-être bien un peu de place, un endroit où l’on pourrait parler de logiciels, de périphériques, de réseaux ou de services, sans avoir le nez dans le code et les doigts dans les prises.

Concernant la « parure » qui habille ce « journal », dans l’idéal, il aurait bien entendu été préférable qu’elle soit authentiquement personnelle, ne serait-ce que pour « mettre en avant » quelques aspects propres à mon activité : mais victime du « syndrome du cordonnier » et du manque de cette précieuse denrée qu’on appelle le temps, il a fallu se contenter d’un prêt-à-porter à peine retouché.

Quant au titre obscure de ce premier billet (ainsi que, accessoirement, l’image qui l’illustre), on se contentera de dire que le « petit monde » de l’informatique possédant une attirance notoire pour les nombres et autres dates symboliques, il s’est avéré assez difficile de résister à certaines tentations, et ce pour tout un tas de raisons qui ont semblé assez bonnes, en tout cas sur le moment…

Image d’illustration : Towel Day! par Kreg Steppe (licence CC BY-NC-SA 2.0)

Initialement publié en mai 2014, ce billet a été assez largement remanié et révisé lors de la refonte du site en mars 2018.


  1. Il n’est peut-être pas inutile de préciser qu’il n’est pas question ici de parler d’une quelconque créature tout droit sortie de la mythologie scandinave, mais plutôt d’un utilisateur du réseau mondial « postant sur des forums et autres espaces de discussion des messages provocateurs ayant généralement trait à des sujets prompts à susciter des débats houleux » (selon la définition qu’en donne le Wiktionnaire, en date du 25 février 2014). 

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P. Mergey

Cogito ergo scribo.


 

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Miscellanées numériques d’un ours

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